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10/08/2014

Fermeture de Gad à Josselin : managers en bonnet rouge licenciant des salariés en bonnet rouge

  ...après avoir pratiqué le dumping social avec la Roumanie :

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C'est ce que nous annoncions dès octobre 2013 (ici) : piloté par le MEDEF et la FNSEA, le mouvement des bonnets rouges était une arnaque à l'idéal breton. Victimes : les salariés, croyant  naïvement que le gwenn-ha-du brandi ensemble garantissait la bonne foi de leurs employeurs...

En novembre, après la manifestation de Quimper, Olivier Le Bras (délégué FO aux abattoirs Gad et siégeant au comité des bonnets rouges avec les managers de Gad) croyait pouvoir dire : « Ce mouvement, nous l'avons lancé. Il nous appartient à nous, salariés. Si les patrons nous ont rejoints, c'est bien. On a le même objectif, relancer l'économie et l'emploi en Bretagne. » Aux innocents les mains vides ! Quelques jours plus tard, les managers en bonnet rouge fermaient le site Gad de Lampaul-Guimiliau en invoquant ''la concurrence européenne''. Ayant supprimé 900 emplois dans le Finistère, ils embauchaient sur le site Gad de Josselin une centaine de travailleurs intérimaires roumains sous-payés et sans charges sociales (dumping autorisé par l'UE). Gad appartient au groupe agro-alimentaire CECAB, fleuron du productivisme.

Aujourd'hui, la direction de Gad – toujours en bonnet rouge contre la ''dictature parisienne'', d'an emgann ! – annonce la liquidation judiciaire du site de Josselin : un millier d'emplois...

Est-ce une surprise pour les salariés, qui avaient participé avec leurs employeurs à la manif des bonnets rouges à Quimper le 2 novembre 2013 ? Non, si l'on en croit leurs propos à la presse (fin 2013) :

«  La plupart étaient à Quimper, le 2 novembre, lors du grand rassemblement "pour l'emploi en Bretagne et contre l'écotaxe". Sauf Pierre, hilare après quelques bières, qui veut absolument qu'on précise que "les Tilly-Sabco et les autres ont défilé avec ceux qui les enc… ent", comprendre "avec ceux qui les licencient". En revanche, Pierre et ses collègues ont participé à l'expédition musclée à Josselin (Morbihan), l'autre abattoir de Gad qui continue de tourner à grand renfort d'intérimaires roumains, comme l'a révélé Le Parisien. Et aucun ne comprend la fermeture de leur unité de Lampaul-Guimiliau, "une Rolls", selon Raymond, dégoûté, qui balance sa bouteille vide dans un roncier. Ils connaissent l'histoire de l'abattoir par cœur, "le fondateur, il vit là, dans le village". Toutes les boutiques de la commune affichent en vitrine leur soutien aux licenciés, du salon de coiffure au cabinet des kinés et des ostéos. "Gad, c'est pas des initiales avec des points entre les lettres, c'est un nom de famille". "Il lui aura fallu soixante ans pour construire son empire et trois ans à la Cecab – la coopérative morbihannaise actionnaire majoritaire depuis 2010 – pour le détruire", marmonne Ronan, écœuré. Même s'ils enchaînent les interventions dans les médias, le mouvement d'origine leur échappe. Ils ont la désagréable sensation que leur combat est vain. "Les 15 millions du gouvernement, c'est pour l'agroalimentaire qui marche encore, c'est pas à nous qu'ils serviront", décrypte Carl, 44 ans, cheveux bruns gominés vers l'arrière, recroquevillé dans son manteau. "Ils disent que des emplois seront réservés aux ex-Gad dans d'autres entreprises, mais non, ils n'ont pas le droit, c'est interdit", ajoute-t-il. "Ce serait de la discrimination pour les autres, donc ils racontent n'importe quoi", s'agace en écho Christophe, 43 ans dont 20 d'abattoir, les yeux plissés derrière ses petites lunettes noires. Participeront-ils aux prochaines mobilisations des "Bonnets rouges" ? "Pas sûr", répondent-ils. Ils sortent d'une réunion pour créer un collectif propre aux anciens de Gad pour lancer une action aux prud'hommes, notamment. Et puis, surtout, "pour se soutenir". »

 

Récapitulons.

1. Depuis 2004, le secteur agro-alimentaire d'Europe de l'ouest a lourdement utilisé le dumping social permis par la Commission européenne (ultralibérale) : l'exploitation des travailleurs ''détachés'' a augmenté de 1000 % ! Les firmes de l'Hexagone se sont jetées sur ce procédé, notamment en Bretagne.

2. Mais le procédé n'a pas réussi à tout le monde. Les firmes allemandes se sont placées en position de force : d'où la défaillance de firmes bretonnes.

3. Incriminer « Paris » est dans ce cas une imposture, de la part de managers bretons qui dévoient le discours breizhou pour enfumer le salarié. Double imposture quand ces managers brandissent (contre « Paris ») le vieil européisme du mouvement breton : comme si l'UE réelle avait quelque chose à voir avec « l'Europe aux cent drapeaux », mythe des années 1960.

4. Devant un coup comme celui de Josselin, les Bretons militants vont-ils ouvrir les yeux sur l'Europe de Bruxelles, sur le modèle productiviste, et sur l'arnaque au BZH de la part du lobby libéral ? Le pire ennemi des racines, c'est le libéralisme...

 

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[*]  Plus ? alors tapez  Bonnets rouges  dans la fenêtre  RECHERCHER.

 

Commentaires

L'IMPOSTURE

> Oui, incriminer Paris est une imposture, d'autant que "Paris" en tant que lieu de souveraineté n'existe plus.
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Écrit par : Pierre Huet / | 10/08/2014

I-TÉLÉ, 12. 11. 2013

> "Les salariés des abattoirs Gad à l'origine des Bonnets rouges se désolidarisent du mouvement qu'ils ont créé. Symbole de la grogne sociale bretonne contre les plans sociaux, ils ne se reconnaissent pas dans la destruction des portiques écotaxe et radars routiers."
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Écrit par : le balp / | 10/08/2014

CONFUSION MENTALE

> Lu dans un journal économique, début 2014 : "Patrons et salariés bretons au coude à cpoude en bonnets rlouges, on pense à la chanson 'La blanche hermine'..."
Pauvre 'Blanche hermine', ainsi envasée par la droite !
Loin d'être un hymne "licencieurs-et-licenciés-tous-ensemble-ouais", la vieille chanson de Servat était un chant de lutte des classes :
"...j'ai vu passer ce matin
une troupe de marins
d'ouvriers, de paysans...
Où allez-vous camarades
avec vos fusils chargés ?",
etc.
Quand on allait applaudir Servat il n'y avait pas de fachos dans la salle.
Mais cette chanson a eu deux malheurs : le mot "blanche" a excité les boy-scouts fleurdelisés,
et les "fusils chargés" ont séduit les mili-fanas.
Ceux-ci n'avaient plus qu'à changer un troisième mot et "aller faire la guerre au Franc" devenait "aller faire la guerre au front" ! Le chant de lutte de classes est devenu une marche réac pour mal-comprenants. Militaires de tous les pays, unissez-vous.
Les scouts réacs étant devenus journalistes économiques libéraux, on comprend pourquoi l'article confond bonnets rouges et blanche hermine.
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Écrit par : le balp / | 10/08/2014

L'IFOP

> à Le Balp le bien nommé :
le journal économique dont vous parlez n'était pas le premier à faire cette bourde. Le 29 novembre 2013, Jérôme Fourquet de l'IFOP disait dans 'Ouest-France' à propos des bonnets rouges :
"Cela fait penser à la chanson de Gilles Servat, 'La blanche hermine'. De longue date en Bretagne, les acteurs économiques savent travailler en réseau, chasser en meute, se tenir les coudes pour réussir et faire face à l'État, conscients d'une identité régionale forte et d'un intérêt collectif."

Si Fourquet connaissait les paroles de 'La blanche hermine' au lieu de se souvenir de ce que son frère ou son cousin aux scouts d'Europe (je suppose ?) croyait savoir de cette chanson, il ne la prendrait pas pour un hymne entrepreneurial de stage de motivation du personnel !
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Écrit par : PP / | 10/08/2014

ÉVIDEMMENT

> Je viens de Josselin, et, même si je déplore le coût humain que cela implique, je n'ai spontanément pas envie de plaindre la fermeture de Gad, fleuron de l'agriculture productiviste porcine qui défigure et salit la région.

PJ


[ PP à PJ :
- Evidemment ! Bien d'accord là-dessus.
- Mais pensons :
a) aux salariés jetés à la rue par leurs patrons,
b) au mensonge des mêmes patrons en novembre dernier, dans la fausse unanimité des bonnets rouges,
c) au début de prise de conscience sur le libéralisme européen... ]

réponse au commentaire

Écrit par : PJ / | 10/08/2014

@ Le Balp

> Sans compter que 'La blanche hermine' est quand même passablement anti-française: « faire la guerre aux Francs »...
C'est presque pire que notre bon vieux "Réveillez-vous Picards et Bourguignon" du temps de notre Marguerite de Bourgogne et Maximilien.

PH


[ PP à PH - Encore plus raide, le chant de la cavalerie bourguignonne :
"Moult horions
Au roi de France donnerons..." ]
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Écrit par : Pierre Huet / | 11/08/2014

@ Alors voici la suite de Réveillez-vous Picards:

"
Quand serons en Bourgogne,
Et en Franche-Comté,
Ce sera qui-qu'en-grogne le temps de festoyer,
Bouterons le Roy de France dehors de ces costeaux,
Et mettrons en nos panses le vin de leurs tonneaux.


Adieu, adieu, Salins,
Salins et Besançon,
Et la ville de Beaulne là où les bons vins sont,
Les Picards les ont bu, les Flamands les paieront,
Quatre pastards la pinte ou bien battus seront. "
______

Écrit par : Pierre Huet / | 12/08/2014

Les commentaires sont fermés.